Hongrie : l'ONU préoccupée par une nouvelle loi jugée restrictive contre les réfugiés

15 juil 2016

Hongrie : l'ONU préoccupée par une nouvelle loi jugée restrictive contre les réfugiés

07-15-2016SerbiaHungary.jpg Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est dit vendredi profondément préoccupé par l'adoption d'une nouvelle loi en Hongrie renforçant le contrôle de ses frontières, ainsi que par la montée de la violence contre les demandeurs d'asile à la frontière du pays avec la Serbie.

« Nous sommes profondément préoccupés par les nouvelles restrictions mises en œuvre par la Hongrie pour bloquer les demandeurs d'asile [aux frontières] et par des rapports sur l'usage de violence et d'abus », a déclaré un porte-parole du HCR, William Spindler, lors d'une conférence de presse à Genèvre.

La nouvelle loi adoptée par la Hongrie étend le périmètre des contrôles aux frontières à 8 kilomètres à l'intérieur du territoire hongrois et autorise la police à intercepter des individus à l'intérieur de cette zone et à les renvoyer de l'autre côté de la frontière, a expliqué le porte-parole. « On demande alors aux demandeurs d'asile de se rendre dans l'une des 'zones de transit' placées le long de la frontière [serbo-hongroise] pour présenter une demande d'asile », a précisé M. Spindler, ajoutant qu'à l'heure actuelle, seulement deux zones de transit étaient opérationnelles.

Le porte-parole du HCR a précisé que, depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, 664 individus au total ont été renvoyés à travers la clôture érigée par les autorités à la frontière. En outre, le gouvernement a considérablement augmenté la sécurité des frontières, avec 10.000 soldats et officiers de police supplémentaires, mais aussi des drones et des hélicoptères de surveillance.

« Ces restrictions sont en contradiction avec l'Union européenne et la loi internationale », a déclaré M. Spindler. « Les États ont l'obligation de garantir que ces personnes soient traitées avec humanité, sécurité et dignité, et qu'elles aient accès à l'asile, si elles le souhaitent ».

Selon le HCR, le nombre de réfugiés et de migrants à la frontière serbo-hongroise a atteint plus de 1.400 personnes, qui attendent d'entrer dans les zones de transit ou dans le centre d'accueil d'urgence à Subotica, en Serbie.

Selon le porte-parole, le HCR continue de recevoir des rapports d'abus et de violence contre les personnes appréhendées dans les zones de transit ou dans les centres de détention de la police. « Le HCR a demandé aux autorités hongroises d'enquêter sur ces rapports », a précisé M. Spindler.

Il a ajouté que les conditions des personnes qui attendent d'entrer dans les zones de transit sont « désastreuses ». Le HCR, ses partenaires et les ONG ont intensifié l'aide à ces personnes, en fournissant notamment plus de nourriture, d'eau et de soins médicaux.

« Le HCR est prêt à soutenir les gouvernements de la Hongrie et de la Serbie pour gérer la situation à leur frontière commune », a ajouté M. Spindler.