Grèce : le HCR alerte sur les violences sexuelles dans les centres d'accueil de réfugiés à Lesbos et Samos
La surpopulation des centres d'accueil de réfugiés et migrants sur les îles grecques est source de violences et de harcèlement sexuel a alerté vendredi le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
La situation est particulièrement préoccupante dans les centres d'accueil de Moria sur l'île de Lesbos et de Vathy sur l'île de Samos où des milliers de réfugiés vivaient dans des abris inadéquats. Environ 5.500 migrants vivent dans ces deux centres, soit deux fois plus que leur capacité d'accueil.
« En 2017, le HCR a reçu des rapports de 622 survivants de violences sexuelles et sexistes sur les îles grecques de la mer Égée », a déclaré la porte-parole du HCR, Cécile Pouilly, lors d'un point de presse ce vendredi à Genève. Au moins 28% d'entre eux ont été victimes de ces violences après leur arrivée en Grèce, a-t-elle précisé, en dépit des efforts des autorités d'Athènes de lutter contre la surpopulation et les mauvaises conditions de vie.
« Même une douche en pleine journée peut être dangereuse »
Les femmes sont les premières victimes de la surpopulation des centres. Nombre d'entre elles ont fait état au HCR de comportements inappropriés, de harcèlement sexuel et de tentatives d'agression sexuelle comme étant les formes les plus courantes de violence sexuelles et sexistes.
« Dans ces deux centres, les toilettes et les latrines sont des zones interdites pour les femmes ou les enfants à la tombée de la nuit, à moins qu'ils ne soient accompagnés », a déclaré Mme Pouilly.
« Même prendre une douche pendant la journée peut être dangereux. À Moria, une femme a dit à nos équipes qu'elle n'avait pas pris de douche depuis deux mois », a fait remarquer la porte-parole.
Mais le nombre de victimes est probablement plus élevé, a expliqué devant la presse Mme Pouilly. « Il est très difficile pour nous de donner un chiffre exact », a-t-elle dit. Toutes les victimes ne partagent pas les violences auxquelles elles ont été confrontées.
Selon l'agence onusienne, certaines victimes hésitent souvent à signaler ces agressions par peur, honte, impuissance, inquiétudes provoquées par la discrimination, la stigmatisation et par manque de confiance.
Ne pas contraindre les femmes à partager un abri avec des hommes qu'elles ne connaissent pas
Sur le terrain, le gouvernement grec a repris la responsabilité des centres de réception. Si le HCR salue l'accélération des transferts vers le continent ces dernières semaines, il note toutefois que les conditions de surpopulation persistent, entravant ainsi les efforts de prévention.
« A Moria, 30 membres du personnel médical gouvernemental (psychologues et travailleurs sociaux) partageaient trois salles où ils effectuent leurs examens et leurs évaluations sans aucune intimité », a expliqué Mme Pouilly.
La surpopulation et la sécurité sont les principaux problèmes des centres sur les îles grecques, a déclaré la porte-parole. Aussi longtemps que ces questions ne seront pas résolues, les femmes notamment seront exposées à des violences, a-t-elle souligné.
Le HCR a appelé les autorités grecques à prendre des mesures vitales : notamment ne pas forcer les femmes à partager un abri avec des hommes qu'elles ne connaissent pas et garantir une séparation dans les zones où les personnes se douchent. L'agence onusienne appelle également à élargir le soutien moral, le dispositif policier, notamment la présence de femmes policiers, et le personnel en charge de la lutte contre les violences sexuelles.