Libye : l'ONU appelle la communauté internationale à ne pas oublier l'impact humanitaire de la crise

5 fév 2018

Libye : l'ONU appelle la communauté internationale à ne pas oublier l'impact humanitaire de la crise

Libya_Sabratha_WFP.jpg Après le lancement le 25 janvier de l'appel de fonds humanitaire 2018 pour la Libye, la Coordinatrice humanitaire de l'ONU dans le pays, Maria do Valle Ribeiro, poursuit sa tournée européenne à Genève pour attirer l'attention sur « les difficultés rencontrées par les Libyens pour subvenir à leurs besoins fondamentaux ».

Lors son étape suisse, Mme do Valle Ribeiro a rencontré lundi au Palais des Nations les représentants des pays donateurs en insistant une nouvelle fois sur le sort des populations libyennes qui souffrent toujours d'un climat de violence et de la crise politique.

En lançant un appel de fonds d'un montant de 313 millions de dollars pour aider 940.000 personnes en Libye, « notre message fondamental aux pays donateurs, c'est de ne pas oublier l'impact humanitaire de la crise en Libye et d'être prêt à soutenir les efforts de la communauté humanitaire », a déclaré Mme do Valle Ribeiro lors d'un entretien accordé à ONU Info.

Si les fonds demandés aideront à renforcer les capacités des familles à faire face aux pressions liées à l'instabilité et au déclin économique, les organismes humanitaires notent qu'il s'agit avant tout de venir en aide aux plus de 1,1 million de civils dans le besoin en Libye et qui doivent faire face à la détérioration des conditions de vie sur place.

Entre 400.000 et 500.000 migrants et réfugiés ont besoin d'aide

Pour la Coordinatrice humanitaire en Libye, l'urgence est d'assurer aux personnes déplacées, aux rapatriés, ainsi qu'aux migrants, réfugiés et demandeurs d'asile un accès aux services de base.

Concernant ce groupe de « personnes vulnérables », Mme do Valle Ribeiro a indiqué qu'entre 400.000 et 500.000 migrants et réfugiés ont besoin d'une assistance humanitaire, « même mais s'il y a sûrement jusqu'à 800.000 à 900.000 migrants en Libye ».

« Tous ces migrants sont victimes des réseaux des trafiquants et victimes des pires abus et des violations des droits de l'homme », en raison notamment de la prolifération des « groupes armés qui se livrent à la contrebande, au trafic et à l'exploitation des réfugiés et des migrants », a souligné celle qui est également Chef adjointe de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye.

A cet égard, Mme do Valle Ribeiro note qu'« entre 5.000 et 8.000 migrants et réfugiés sont dans les centres de détention officielle et se trouvent dans des conditions particulièrement pénibles ». A ce jour, près de 17.000 migrants ont accepté le programme de rapatriement volontaire établi par l'Agence de l'ONU pour les migrations (OIM).

Par ailleurs, le dernier bulletin humanitaire de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR) en date du 2 février souligne qu'environ 1.428 réfugiés et demandeurs d'asile ont été libérés de ces centres de détention depuis l'année dernière, dont 316 depuis le 1er janvier.

Les Syriens, première communauté enregistrée auprès du HCR

En outre, il y a près de 181.000 déplacés internes en Libye et plus de 46.000 personnes enregistrées comme réfugiés ou demandeurs d'asile dans ce pays. Rien qu'en janvier 2018, 1609 réfugiés ont demandé la protection du HCR, notamment des demandeurs d'asile originaires du Soudan (43%), de l'Erythrée (30%), de Syrie (10%), d'Ethiopie (5%).

Selon le HCR, les ressortissants syriens restent dans l'ensemble la plus importante communauté enregistrée auprès du HCR (48% - 22.313 personnes), suivie des Palestiniens (15% - 7.025 personnes) et des Erythréens (12% - 5.632 personnes).

Pour tous les organismes humanitaires présents en Libye, l'accès demeure le principal problème à résoudre. « Du point de vue géographique, c'est un vaste pays et donc plus de logistique. La situation sécuritaire reste un défi qui fait que les humanitaires ne peuvent pas se rendre partout », a conclu Mme Maria do Valle Ribeiro.