Afrique du Sud : le Conseil des droits de l'homme de l'ONU préoccupé par les violences visant migrants et réfugiés

11 mai 2017

Afrique du Sud : le Conseil des droits de l'homme de l'ONU préoccupé par les violences visant migrants et réfugiés

02-27-2017-715076.jpg La 27e session du Groupe de travail sur l'Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a traité jeudi à Genève de la question des attaques violentes dont sont victimes les migrants en Afrique du Sud.

En février, plusieurs manifestations en Afrique du Sud ont ciblé des ressortissants étrangers. Des foules en colère ont agressé des immigrés, notamment dans les townships autour de Johannesburg, la plus grande ville du pays.

De nombreuses délégations ont appelé Pretoria à mieux lutter contre la xénophobie, la discrimination et la violence que subissent les migrants et les apatrides. Lors de l'examen du rapport de l'Afrique du Sud, certaines d'entre elles ont fait le lien entre cette dernière flambée d'agressions et l'insuffisance des réponses apportées suite aux précédentes scènes de violences de 2008 et 2015.

Des Etats membres ont toutefois relevé que durant ces incidents, des voix se sont aussi élevées, aussi bien au niveau gouvernemental que parmi les acteurs de la société civile, pour rappeler que les droits de l'homme sont les mêmes pour tous en Afrique du Sud.

Les autorités sud-africaines ont fermement condamnées ces violences, rappelant l'intervention de leurs forces de sécurité pour y mettre fin. Sur la question des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrations internationales, l'Afrique du Sud a rappelé qu'elle a souscrit à la Convention de 1951 de l'ONU relative au statut des réfugiés. « En effet, nous reconnaissons qu'il est nécessaire d'aider les personnes vulnérables qui se trouvent en danger quel que soit leur nationalité », a fait remarquer la Vice-Ministre des relations internationales et de la coopération de l'Afrique du Sud, Luwellyn Landers.

« Sur le plan politique, nous sommes habilités à décider qui peut pénétrer ou non sur notre territoire et dans quelles conditions », a toutefois déclaré Mme Landers, soulignant qu'il s'agit d'un aspect fondamental de la souveraineté nationale de l'Afrique du Sud que tous les pays reconnaissent.

« Les individus qui se rendent dans notre pays, qui y transitent ou qui y résident ont droit à la protection », a ajouté la Vice-Ministre, indiquant que le Livre blanc sur les migrations internationales, l'administration et la politique doit répondre tant aux problèmes actuels qu'aux défis de demain. « L'objectif du projet de loi est d'arriver à un équilibre entre les impératifs de développement économique, de sécurité nationale ainsi que les obligations nationales et constitutionnelles. D'autre part, nous tenons également compte des impératifs qui figurent dans notre Charte pour les droits de l'homme. L'idée étant de vivre dans la paix et l'amitié avec les autres peuples », a souligné Mme Landers.

Dans le rapport qu'elle a soumis au Conseil des droits de l'homme, l'Afrique du Sud a d'ailleurs admis que « les attaques dont ont fait l'objet par le passé des ressortissants d'autres pays, jusque dernièrement, ont entraîné des pertes humaines et des dégâts matériels ». Pretoria a rappelé que les questions liées à la violence et à la discrimination à l'encontre des étrangers sont maintenant traitées par trois grands comités interministériels chargés respectivement des migrations, de la cohésion sociale et de la politique démographique.

Le gouvernement sud-africain a élaboré un projet de plan d'action national en matière de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance en collaboration avec différents acteurs, notamment de la société civile. Pretoria a rappelé qu'un nouveau projet de loi sur la prévention et la répression des actes de violence inspirés par la haine et les discours haineux, est en cours de rédaction. Ce projet de loi érige en infraction ces actes de violence et vise à mettre en place des mesures de prévention et de répression de ces infractions.

En prenant ces mesures, les autorités sud-africaines veulent ainsi montrer l'image d'un pays sachant tirer parti des migrations internationales pour son développement. « Le Livre blanc sur les migrations internationales défend l'idée qu'il n'est ni souhaitable ni possible d'arrêter les migrations internationales », précise Pretoria dans le rapport soumis à l'attention du Conseil.

Outre la question des migrants, certaines délégations ont demandé à Pretoria de lutter contre la discrimination envers les femmes et contre les actes de violence sexiste. Des États ont également invité l'Afrique du Sud à poursuivre le dialogue avec la Cour pénale internationale (CPI) et de reconsidérer sa décision de se retirer du Statut de Rome.