Violence à l'encontre des enfants : une envoyée de l'ONU se bat pour un monde plus sûr

23 juin 2016

Violence à l'encontre des enfants : une envoyée de l'ONU se bat pour un monde plus sûr

613241-Pais.jpg Marta Santos Pais a grandi dans une famille heureuse au Portugal. Mais en voyant des jeunes filles Rom de son âge traitées comme des parias et en entendant les histoires de son père, un juge pour enfants, sur les cas d’enfants pris au piège de la pauvreté et abandonnés par leurs parents, elle a grandi avec le sentiment qu’il était de son devoir d’aider les moins privilégiés.

Aujourd'hui, en tant que Représentante spéciale chargée de la question de la violence à l'encontre des enfants, Mme Santos Pais tente de mobiliser pour mettre fin à la maltraitance des enfants dans le monde et mettre en œuvre les recommandations de la première étude exhaustive de l'ONU sur le sujet. Plus de la moitié des enfants souffrent de violences physiques, sexuelles et psychologiques, selon l'étude.

Depuis cette année, l'éradication mondiale de la maltraitance, de l'exploitation et de toutes les autres formes de violence contre les enfants fait partie du Programme de développement durable à l'horizon 2030, qui a été universellement approuvé.

Le Centre d'actualités de l'ONU a rencontré récemment Mme Santos Pais pour discuter de la situation des enfants dans le monde et de ses efforts pour obtenir des changements.

Centre d’actualités de l’ONU : Il y a dix ans, l'ONU a publié une étude mondiale sur la violence à l’encontre les enfants qui disait que le problème était répandu et souvent sous-évalué. Est-ce que le monde est un endroit plus sûr pour les enfants aujourd'hui?

Aujourd’hui, les choses ont changé de façon spectaculaire et nous voyons de plus en plus les enfants comme des agents du changement.

Marta Santos Pais : C'est un sujet dont nous parlons de plus en plus dans la sphère publique et sur lequel les enfants ont tendance à se confier plus facilement. Mais il est difficile de comparer l'ampleur du problème aujourd'hui avec ce qui se passait au moment où l'étude a été publiée en 2006, parce que nous ne disposons pas des données et des informations requises pour faire ce genre de comparaison. Aujourd'hui, cette violence est généralisée et affecte des millions d'enfants. L'année dernière [plus d'un milliard d'enfants] entre 2 et 17 ans ont été touchés par une certaine forme de violence - physique, psychologique ou sexuelle. Les taux d'homicides touchent particulièrement les enfants de moins de 15 ans, d'une manière dévastatrice. 8% des homicides mondiaux affectent les enfants.

Quand on parle de la traite des enfants, le visage des enfants est très visible. Dans certaines régions, plus de 60% des victimes sont des enfants. Même si nous reconnaissons que nous avons une meilleure législation, de meilleures politiques, de meilleures données dans plusieurs pays, nous avons encore de nombreux enfants dont la vie est marquée par des niveaux dramatiques de violence et c'est cela ce que nous devons surmonter maintenant. Voilà pourquoi nous voulons continuer à mettre en œuvre les recommandations de l'étude et mobiliser un large soutien dans le monde.

Centre d’actualités de l’ONU : Le programme de développement de l'ONU comprend pour la première fois une cible spécifique pour mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants à l'horizon de 2030. Comment sera-t-elle atteinte?

Marta Santos Pais : C’est peut-être un objectif trop ambitieux, mais nous croyons qu'il est réalisable. Et nous le disons avec confiance grâce aux progrès que nous avons vus se produire au cours des dernières années. La vraie différence doit se produire au niveau national. La première chose que nous espérons voir est que plusieurs pays commencent à inclure la priorité de mettre fin à la violence à l’encontre des enfants dans leurs programmes nationaux de développement.

Dans le processus de préparation de ce nouveau programme mondial de développement, il y a eu de nombreuses consultations importantes qui ont été organisées aux niveaux régional, mondial et national, et plus de 800.000 enfants ont sérieusement contribué à ces discussions. La principale préoccupation qu'ils ont exprimée quand ils ont été interrogés c'est la violence systématique à l’encontre des enfants, très souvent la violence dans les écoles.

Si nous ne répartissons pas les ressources nécessaires pour la mise en œuvre de cet objectif, si cela ne devient pas une préoccupation pour les professionnels qui travaillent dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les centres communautaires, ou si un centre de loisirs ne sent pas qu'il est impératif de contribuer au même but, nous ne réaliserons pas cet objectif.

Ceci est la raison pour laquelle nous avons décidé récemment de lancer une initiative très importante intitulée 'High Time to End Violence against Children' (Il est temps de mettre fin à la violence contre les enfants). Nous espérons que l'initiative transmettra ce sentiment d'urgence.

Centre d’actualités de l’ONU : Parlez-nous un peu plus de cette initiative?

Marta Santos Pais : Le lancement de l'initiative coïncide avec le début de la mise en œuvre du nouveau programme de développement mondial. Maintenant, nous pouvons vraiment essayer de rallier les efforts, relancer l'engagement des gouvernements, des organisations internationales, des partenaires de la société civile, des chefs religieux, des leaders communautaires. Nous insistons sur le fait que nous avons besoin de tout le monde pour le compte à rebours d’ici 2030.

Centre d’actualités de l’ONU : On estime que 200 millions de filles et de femmes aujourd'hui ont subi une forme de mutilation des organes génitaux. Si les tendances actuelles continuent, 15 millions de filles âgées entre 15 et 19 ans en seront victimes d’ici 2030. Alors que de plus en plus des pays se joignent à l'interdiction légale des mutilations génitales féminines, quels sont outils à la disposition des gouvernements pour aider à faire cesser cette pratique?

Mme Santos Pais : Le fait que la communauté internationale ait reconnu son caractère urgent et l'ait inclus comme cible spécifique dans le nouveau programme de développement global montre qu'il y a une préoccupation commune. Bien sûr, il est très important d'avoir une législation forte parce que la législation transmet un message à la société sur ce qui est acceptable et ce qui est non-négociable. Elle peut aider à mobiliser tous ceux qui peuvent nous aider à changer les conventions sociales, les perceptions profondément enracinées et les croyances que les gens n’ont jamais remises en question.

Mais le changement ne peut se produire que lorsque nous nous engageons dans une vraie conversation avec les communautés où la pratique est maintenue, lorsque nous écoutons les raisons pour lesquelles elle est maintenue. Par exemple, une fille qui ne subit pas cette pratique peut être perçue comme inapte à se marier. Si nous comprenons les raisons, nous pouvons travailler ensemble pour essayer de les surmonter.

Et nous voyons aujourd'hui des initiatives merveilleuses. Il y a des communautés en Afrique où les dirigeants communautaires, les aînés du village, les organisations de femmes organisent un passage à l'âge adulte avec des danses et des chants et une célébration pour vraiment marquer une nouvelle étape dans la vie d'une jeune fille. Mais sans l'associer à la pratique qui est violente en soi et crée des effets extrêmement négatifs concernant la jeune fille, des problèmes de santé dans sa vie actuelle, et aussi à l'avenir lors de l'accouchement. Très souvent, les filles ne peuvent pas aller à l'école quand elles subissent cette pratique.

Nous sommes persuadés que cela peut fonctionner parce que nous avons vu des milliers de collectivités, en particulier en Afrique de l'Ouest, qui adhèrent à ce mouvement et s'engagent à abandonner la pratique et coopèrent avec d'autres communautés voisines pour atteindre les mêmes résultats. Nous avons 22 pays qui ont des lois qui condamnent fermement cette pratique et cela est une forte indication que nous avançons dans la bonne direction.

Centre d’actualités de l’ONU : Les enfants réfugiés et les enfants qui vivent dans les pays déchirés par la guerre comme la Syrie et le Soudan du Sud ont un risque très élevé de violence et de traite des êtres humains. Qu'est-ce qui est fait pour les protéger?

Marta Santos Pais : Je suis particulièrement préoccupée par la situation de ces enfants. Au cours des derniers mois, entre les réfugiés qui demandent l'asile et [les gens] considérés comme des migrants qui arrivent en Europe, 40% d’entre eux sont des enfants. Nous ne parlons pas d'un petit nombre. Nous parlons de milliers d'enfants. Nous savons qu'ils ont été témoins de l'assassinat de membres de leur famille, de leurs meilleurs amis. Et nous savons qu’en route pour arriver dans un refuge, ils subissent des situations traumatisantes, l’humiliation, la faim, la stigmatisation et très souvent des attitudes xénophobes.

En même temps, ils ne sont pas reconnus, avant tout, comme des enfants. Nous sommes particulièrement inquiets du fait que le visage de l'enfant, en quelque sorte, est un peu dilué lorsque les gouvernements essaient de trouver une solution pour répondre à ce problème.

D'un côté nous nous sentons encouragés par le fait que beaucoup d'organisations à travers le système des Nations Unies travaillent ensemble pour aborder ce sujet. Le HCR [Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés], l'UNICEF [Fonds des Nations Unies pour l'enfance] jouent un rôle merveilleux. Beaucoup de partenaires de la société civile s'unissent et souvent ils sont au premier niveau d'intervention. Et nous voyons beaucoup de citoyens ordinaires qui prennent position contre les mauvais traitements, l'humiliation, la négligence des enfants qui entrent dans leur pays. Quand on voit ce type de mouvement, nous pouvons contribuer.

Il est fondamental de protéger les droits de chaque enfant. Et cela commence avec le moment où nous essayons d'identifier : est-ce qu'il s’agit d’un enfant ou d’un adulte? Est-ce que cette fille ou ce garçon a besoin de la protection spéciale de quelqu'un qui parle la même langue? Qui écoute leur histoire? Qui les enregistre afin que nous puissions retrouver les membres de leur famille?

Il y a quelques mois, Europol a publié un rapport où il a reconnu que plus de 10.000 enfants ayant atteint les pays européens avaient disparu des centres où ils avaient été placés. Ces enfants peuvent être confrontés à de grands risques de traite des êtres humains, d’abus sexuels et d’exploitation par le travail. Nous ne savons pas où ils sont. Nous sommes convaincus qu'il y a un certain nombre d'initiatives à l'ONU qui vont très prochainement contribuer à mettre le visage de l'enfant au centre des préoccupations. Dans le cadre de l'Assemblée générale, il y aura une discussion de haut niveau sur les migrants et les réfugiés, plus tard cette année.

Centre d’actualités de l’ONU : Aujourd'hui, les technologies de l'information sont une partie intégrante de la vie d'un enfant. Que fait-on pour assurer la sécurité sur l'Internet afin que les enfants ne deviennent pas la proie des prédateurs sexuels et de la cyber-intimidation?

Marta Santos Pais : Ces technologies offrent d'énormes possibilités pour les enfants, par exemple pour les rendre conscients de leurs droits fondamentaux, leur faire savoir l'endroit où ils peuvent aller s’ils risquent d'être victimes de violence ou s’ils souffrent d'abus sexuels ou d'humiliations, pour qu’on puisse les aider. Mais il y a des risques associés.

Nous connaissons de plus en plus de cas d'enfants qui sont victimes de la traite par des moyens technologiques et nous savons que le nombre d’images qui montrent des enfants dans des situations de victimes d'abus sexuels a augmenté considérablement. En une décennie, le nombre d'images d'abus sexuels d'enfants a augmenté de plus de 1500%. Plus de 80% de ces images montrent des enfants de moins de 10 ans et beaucoup d'entre eux ont moins de deux ans. Les forces de l’ordre sont confrontées à des défis importants, mais elles s’efforcent d’aller plus vite que le développement des nouvelles technologies. D'une certaine façon, ce que nous voyons est une stratégie à multiples facettes. La première chose que nous devons faire est de travailler avec les enfants. Nous devons les alerter sur les risques, leur donner les moyens de savoir où ne pas aller, quels sont les chemins qu'ils peuvent suivre en toute confiance.

Et il faut travailler avec les parents. Il y a une énorme fracture numérique entre les générations. Les parents se sentent souvent impuissants parce qu'ils ne savent pas comment conseiller leurs enfants. Ils se sentent soit très effrayés et ils veulent trouver toutes les solutions de censure possibles pour aider à réduire le risque ou bien ils disent « n’utilise pas l'iPad ou l'iPhone ». Nous devons responsabiliser les parents et les aider à travailler avec leurs enfants. De la même façon que nous traversons la rue en tenant la main d’un enfant, nous devons tenir la main de nos enfants afin qu'ils puissent entrer dans le cyberespace.

Mais il nous faut également responsabiliser les professionnels. La cyber-intimidation est quelque chose qui arrive n'importe où. Cela peut commencer à l'école. Mais très souvent, les enseignants ne reçoivent pas la formation ou n’ont pas les compétences nécessaires. Les enfants ne demandent pas de l'aide parce qu'ils sentent qu'ils vont être punis au lieu d’être soutenus et aidés. Si l'école peut devenir le lieu où l'enseignant est habilité et compétent et l'enfant fait confiance à l'enseignant et les parents peuvent venir apprendre et participer à un débat, les choses changent. Nous avons vu dans de nombreux pays, comme le Costa Rica et les Philippines, où des initiatives comme celle-ci sont réellement promues et où les risques deviennent peut-être moins visibles. Et les enfants et tout le monde se sentent mieux et plus autonomes dans l'utilisation de ces technologies.

Centre d’actualités de l’ONU : Récemment, vous étiez à Lagos, la capitale du Nigéria, pour participer au lancement d'une campagne parrainée par le pays pour mettre fin à la violence contre les enfants là-bas. Quel était votre message?

Marta Santos Pais : C'est le premier pays d'Afrique de l'Ouest qui a fait une étude sur la violence contre les enfants. Un appel pour une année d'action pour mettre fin à la violence contre les enfants a été lancé par le Président en septembre 2015. Je me sens très encouragée par la détermination du Président du Nigéria à exposer l'ampleur du problème.

Mon message était de souligner aussi combien il est important de répondre aux attentes en matière d'action. Si un programme politique n'est pas présenté à la population du Nigéria, si les gouverneurs des États ne se l’approprient pas et ne le traduisent pas dans les faits dans leurs propres communautés, naturellement tous ces beaux textes et ces données recueillies resteront une référence très lointaine pour les gens.

J'étais très encouragée par une réunion que nous avons eue avec des chefs religieux de toutes confessions au Nigéria qui ont participé à une discussion pour identifier les engagements permettant de promouvoir la mise en œuvre de ce programme commun. J'espère que beaucoup d'autres actions suivront au Nigéria et dans les pays voisins.

Centre d’actualités de l’ONU : En février, vous vous êtes rendue en Indonésie pour rencontrer le Secrétaire général adjoint de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et des hauts responsables indonésiens. De quelles stratégies politiques avez-vous discuté pour la région?

Marta Santos Pais : L’ASEAN est la première région qui a adopté [en novembre 2015], un plan régional très solide pour éliminer toutes les formes de violence à l’encontre les enfants, conformément au nouveau programme de développement mondial. Ma visite a consisté à rencontrer des membres de la Commission de l'ASEAN sur les droits des enfants et des femmes et à engager un dialogue très important sur la façon dont ils prévoient la mise en œuvre de ce plan. Je me suis sentie très encouragée par le fort sentiment d'engagement et de leadership qui a été exprimée lors de cette réunion.

Cela a contribué à accroître la sensibilisation dans le pays sur l'impact que la violence a sur les enfants en Indonésie, sur les stratégies qui peuvent aider à la prévenir. Je suis très encouragée par le fait que dans le pays, l'une des principales priorités est de décentraliser le budget pour s’assurer que dans les îles qui composent l'archipel, les autorités locales aient les ressources nécessaires pour mettre en œuvre la stratégie nationale. Le prochain forum politique de haut niveau aura lieu ici à New York en juillet et ce sera une grande opportunité pour les nations de parler de ces pratiques qui peuvent encourager d'autres pays à faire pareil.

Centre d’actualités de l’ONU : Dans votre rapport annuel au Conseil des droits de l'homme le 8 mars, vous avez dit que plus de 50 pays ont adopté des lois interdisant la violence à l’encontre les enfants. Est-ce que cela est le signe d'un engagement croissant des gouvernements à reconnaître et à résoudre le problème?

Marta Santos Pais : Je crois que la législation transmet à la société un message très fort sur ce qui est acceptable et ce que la société ne peut pas accepter. L’une de mes priorités est de soutenir les gouvernements et les parlements à développer une législation nationale forte. Il y a plus de 50 pays aujourd'hui qui ont ce type de législation et, dans certains cas, elle est même inscrite dans la Constitution du pays.

Mais cela ne suffit pas. Quand nous avons une législation forte que les gens ne connaissent pas, qu’ils ne sont pas formés à utiliser, et quand la loi n'est pas appliquée dans les tribunaux, dans les postes de police, dans les institutions de protection sociale, dans les centres de détention, nous devons nous demander quelle est la valeur de cette législation. Nous sommes donc prêts à soutenir les efforts d'application. Tout d'abord, il faut diffuser l'information sur ce que la loi veut transmettre et comment nous pouvons la traduire d’une manière comprise par les gens, y compris les enfants. Il y a des initiatives fabuleuses - la plus ancienne adoptée par la Suède en 1979. Les autorités suédoises ont décidé de lancer la législation avec une vaste campagne d'information et d'éducation. Il y avait des avis sur cette législation dans les arrêts de bus, sur les cartons de lait. Elle a été débattue dans les écoles, dans les centres de formation pour les professionnels.

Aujourd'hui, plus de 70 pays ont une institution de médiation ou une institution nationale indépendante pour les droits des enfants afin d’aider à mettre en œuvre [la législation] et nous espérons que d'autres pays suivront. Plus de 50 autres pays se sont engagés à adopter une législation similaire et certains d'entre eux sont très proches de le faire. Moins de 10% des enfants dans le monde ont une législation qui les protège, nous devons donc faire beaucoup plus.

Centre d’actualités de l’ONU : Vous avez aidé à la rédaction de la Convention de 1990 relative aux droits de l’enfant et ses trois protocoles facultatifs. En quoi ces traités sont-ils pertinents?

Marta Santos Pais : Les traités sont extrêmement importants. Quand je pense comment le monde était dans les années 1980 lorsque nous étions en train de rédiger la Convention relative aux droits de l'enfant, les enfants étaient invisibles. Ils n'étaient pas perçus comme ayant une voix pouvant contribuer à nos débats et influencer nos décisions, pouvant penser avec leurs propres têtes. Aujourd'hui, les choses ont changé de façon spectaculaire, et de plus en plus, nous voyons les enfants comme des acteurs du changement. Cela commence à se produire dans tous les pays. C’est vraiment très encourageant. Alors, d’une certaine manière ces traités aident les pays qui sont impliqués à se sentir liés par eux, à modifier la législation, la politique, la pratique, l'état d'esprit des personnes en ce qui concerne les droits des enfants.

La Convention relative aux droits de l'enfant est la plus ratifiée dans toute l'histoire des Nations Unies. Elle est en vigueur dans 196 pays. Il nous manque juste un pays, et nous espérons qu'il se joindra bientôt à la Convention, il s’agit des Etats-Unis. Le protocole sur la protection des enfants contre la vente, l'abus sexuel et l'exploitation sexuelle et la pornographie est en vigueur dans 173 pays.

Clairement, nous constatons des changements. Mais nous sommes impatients. Il suffit d’une minute pour détruire l'enfance de n'importe qui.

Centre d’actualités de l’ONU : Qu'est-ce qui vous a poussé à devenir un défenseur des enfants?

Marta Santos Pais : J'ai eu une enfance heureuse. J'étais très privilégiée d'avoir une famille merveilleuse qui a cru en moi, m'a encouragé, m'a soutenu, qui a toujours dit que je pouvais atteindre les objectifs que je me fixais et les dépasser. Ma mère était enseignante et travaillait avec des enfants, dont beaucoup étaient moins chanceux que moi. Mon père était un juge pour enfants et il me racontait des histoires radicalement différentes de ma propre existence. Je me souviens que quand j'étais encore petite, mon père me racontait que des familles ne pouvaient pas se permettre de prendre soin de leurs enfants et étaient obligées de les mettre dans une institution. J’étais complétement choquée.

Cela a provoqué en moi un sentiment d'injustice. Je voulais contribuer à faire la différence. Mais il y a peut-être eu un incident en particulier : j'avais seulement six ou cinq ans, et dans le village où je passais mes vacances, il y avait beaucoup de familles Rom. A cette époque, il y avait cette perception que ces familles voulaient voler les enfants et qu’il ne fallait pas entrer en contact avec elles. Ces enfants nous regardaient jouer et rire [mais] en gardant une distance. Je me souviens que je leur ai dit « pourquoi vous ne jouez pas avec nous ».

Centre d’actualités de l’ONU : L'Assemblée générale a prolongé votre mandat jusqu'à la fin de 2018. Quelles sont vos priorités pour les trois prochaines années?

Marta Santos Pais : Nous sommes heureux de célébrer autant de changements en matière législative, une meilleure visibilité et des engagements plus forts, [tel] que le programme de développement durable à l'horizon 2030. Mais nous avons besoin de consolider ces efforts.

Raconter les succès et les facteurs qui nous ont aidés à avancer est quelque chose que je considère comme une priorité, y compris en élargissant le nombre de pays ayant une législation forte, des politiques fortes et des mécanismes de coordination, des budgets solides pour résoudre ce problème, et des données solides.

La deuxième chose est de travailler avec les gouvernements dans le processus de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Et ces premières années de mise en œuvre du nouveau programme de développement mondial vont donner le ton pour la façon dont nous allons poursuivre [l'agenda pour les droits d'enfants]. Si nous diluons la visibilité des enfants et de la protection des enfants contre la violence, il sera certainement plus difficile de leur redonner de l’importance. Ce fut une leçon importante du processus des OMD [Objectifs du Millénaire pour le développement]. [Si nous diluons la protection des enfants contre la violence], nous allons compromettre les progrès réalisés dans les autres objectifs, en matière d’éducation, de santé, d'égalité des sexes et d'autonomisation, et d’espaces publics sûrs.

@media only screen and (min-width: 760px), screen\9 {
#PhotoHolder3 #PhotoCrop {
max-height: 770px; /* sets max-height value for all standards-compliant browsers */
width: 134%;
margin-left:-161px;
margin-top: -510px;
}
#story-headline
{
font-size: 4.8em;
line-height: 1.2em;
color:#fff;
position: relative;
top: 130px;
xtext-align:center;
text-shadow: 1px 1px 3px rgba(0,0,0,0.8);
width:50%;
margin-left:10em;
}
}
#sidebar {display:none;}
div#story-content .span8 {width:100% !important}
#fullstory p {
font-size: 14px;
line-height: 1.6em;
}

strong
{ font-size: 1.2em;
line-height: 1.7em;
xfont-family:Georgia, "Times New Roman", Times, serif;
}

li
{ font-size: 15px;
xline-height: 1.7em;
}
blockquote
{ font-size: 1.4em;
line-height: 1.5em;
font-style:italic;}