Réfugiés et demandeurs d'asile sur l'île de Manus : l'ONU appelle l'Australie à prendre ses responsabilités

3 nov 2017

Réfugiés et demandeurs d'asile sur l'île de Manus : l'ONU appelle l'Australie à prendre ses responsabilités

05-31-ohchr-colville.jpg Préoccupées par le sort des plus de 600 demandeurs d'asile demeurant sur l'île de Manus, deux agences des Nations Unies ont appelé l'Australie à respecter ses obligations internationales relatives au droit des réfugiés et aux droits de l'homme et à désamorcer immédiatement une situation de plus en plus tendue et instable.

Canberra procède actuellement à la fermeture du 'Centre régional de traitement des demandes d'asile' à Manus –; une île de la Papouasie-Nouvelle-Guinée où sont détenues les personnes souhaitant migrer vers l'Australie.

Les centres de traitement offshore des demandeurs d'asile mis en place par les autorités australiennes ont été dénoncés à de maintes reprises par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), qui les jugé « non viables, inhumains et contraires aux obligations en matière de droits de l'homme ». Le HCDH a de nouveau exhorté l'Australie à transférer les hommes de Manus vers la partie continentale de l'Australie où leurs demandes peuvent être traitées.

#Australia’s offshore processing centers are unsustainable, inhumane & contrary to #humanrights https://t.co/qWBLmDgMYi #Manus pic.twitter.com/Wmc1guDfjY

— UN Human Rights (@UNHumanRights) 3 novembre 2017

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) suit de près la réduction et la cessation des services essentiels et des dispositifs de protection sociale. Deux membres du personnel de l'agence onusienne sont actuellement sur place et ont pu suivre le processus de clôture.

Les réfugiés et les demandeurs d'asile privés d'eau et d'électricité

Sur l'île de Manus, la situation est devenue critique pour les 600 réfugiés et demandeurs d'asile qui résident toujours dans le centre.

Après le départ des prestataires de services et de la Force frontalière australienne, les services d'appui médical et de sécurité ne sont plus disponibles. La toute dernière ration alimentaire a été livrée le 29 octobre et n'a suffi que pour moins de deux jours. L'eau et l'électricité ont été coupées depuis le 31 octobre. Selon le HCR, les réfugiés et les demandeurs d'asile sur l'île ont eu recours au stockage de l'eau dans des poubelles et à la construction de systèmes de fortune pour la collecte des eaux de pluie.

Les dispositifs de protection sociale, y compris l'aide psychologique pour les victimes de traumatismes et de torture, sont actuellement insuffisants pour les réfugiés et les demandeurs d'asile sur l'île de Manus. Seuls quatre travailleurs sociaux de l'Immigration and Citizenship Service Authority assurent l'aide psychologique pour les plus de 600 réfugiés et demandeurs d'asile.

« Nous appelons le gouvernement australien, en tant que partie qui interné les hommes en premier lieu, à fournir immédiatement la protection, la nourriture, l'eau et d'autres services de base qui ont été interrompus depuis que les autorités ont fermé l'établissement le 31 octobre », a déclaré Ruppert Colville, porte-parole au HCDH, lors d'un point de presse vendredi à Genève

Craintes de violences à l'extérieur du centre

Malgré cette situation, la plupart des personnes ont fait part au HCR de leur intention de rester en raison de craintes pour leur sécurité si elles sont contraintes de sortir du centre.

Le HCR a rencontré les autorités gouvernementales, y compris la police et le Service de l'immigration et de la citoyenneté, qui ont noté la hausse des tensions au sein de la communauté locale, notamment en raison du manque de consultation avant la sortie des réfugiés et des demandeurs d'asile hors du centre.

Le personnel du HCR s'est entretenu avec les dirigeants de la communauté locale et des propriétaires fonciers qui qualifient « d'inappropriée » l'installation des réfugiés et des demandeurs d'asile au sein de la communauté.

« Les hommes ont dit qu'ils craignaient d'être victimes de violence de la part des locaux s'ils quittaient le centre - et, étant donné qu'il y a eu des incidents violents dans le passé, nous pensons que ces craintes devraient être respectées et traitées de manière satisfaisante », a pour sa part déclaré le porte-parole du HCDH.

« Si les 600 personnes partaient toutes immédiatement, beaucoup d'entre elles ne trouveraient pas de logement décent ailleurs », a déclaré jeudi la représentation du HCR à Canberra qui a de nouveau appelé les autorités australiennes à mettre un terme à la situation d'urgence humanitaire sur l'île de Manus.

UNHCR press release on closure of Regional Processing Centre on Manu Island. https://t.co/DvZ9Z31xHP

— Filippo Grandi (@RefugeesChief) 2 novembre 2017

« Tous les migrants, y compris les réfugiés et les demandeurs d'asile, sont des êtres humains »

Le HCR a exhorté les autorités australiennes à prendre leurs responsabilités et à assurer la protection et la sécurité de ces êtres humains vulnérables. « L'Australie reste responsable du bien-être de toutes les personnes qui avaient été transférées en Papouasie-Nouvelle-Guinée jusqu'à ce que des solutions durables et appropriées leur soient trouvées hors du pays », a précisé l'agence onusienne.

Le HCDH s'est fait l'écho du HCR, exhortant Canberra et Port-Moresby à désamorcer immédiatement la situation sur l'île de Manus et leur rappelant leurs responsabilités, en vertu du droit international relatif aux droits de l'homme et de la Convention de 1951 sur les réfugiés.

Ces responsabilités incluent la protection des hommes contre tout préjudice ; l'assurance de leur droit de demander et d'obtenir l'asile ; la garantie d'accès aux droits économiques, sociaux et culturels fondamentaux, y compris un logement convenable, l'eau, la nourriture, l'assainissement et les soins de santé ; ainsi que d'autres obligations humanitaires.

Le HCDH exhorte également les gouvernements australien et papouan-néo-guinéen à engager un dialogue avec les hommes pour garantir que ces droits sont dûment respectés, protégés et respectés.

« Tous les migrants, y compris les réfugiés et les demandeurs d'asile, sont des êtres humains. Comme nous tous, ils ont droit à un environnement sûr et sécurisé, à un niveau de vie suffisant et à participer au processus décisionnel qui affecte leur avenir », a rappelé M. Colville. « La dignité humaine devrait être assurée tout au long du traitement de leurs demandes d'asile ».