Méditerranée : face aux défis sécuritaires, l'ONU appelle à s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité
Face aux défis sécuritaires que rencontrent les pays de la Méditerranée, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé vendredi les Etats à s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité qui frappe la région au carrefour de l'Afrique, de l'Europe et du Moyen-Orient.
« Aujourd'hui, la région méditerranéenne est confrontée à de sérieux défis sur plusieurs fronts », a déclaré M. Guterres lors d'une réunion du Conseil de sécurité présidée par le Ministre des affaires étrangères de l'Italie, Angelino Alfano.
Commerce illicite de narcotiques, d'armes et de pétrole, larges mouvements de réfugiés et de migrants à la merci de passeurs et de trafiquants, piraterie maritime, violation des droits de l'homme, violences contre les femmes, dégradation de l'environnement, tensions politiques et sociales, terrorisme, utilisation d'armes chimiques, crises alimentaires. Le Secrétaire général a énuméré devant le Conseil les nombreux maux qui frappent les pays bordant la Mer Méditerranée.
« La mer Méditerranée fournit d'immenses ressources économiques », a fait remarquer M. Guterres, citant les hydrocarbures, les stocks halieutiques et les routes commerciales. « Cependant, ses avantages dépendent de la stabilité et de la coopération ».
Instabilité en Libye et au Sahel, conflit en Syrie, réalisation d'une solution de deux Etats israélien et palestinien, contrôle des frontières en Egypte, division à Chypre. Pour le chef de l'ONU, la situation actuelle en Méditerranée montre que la paix et la sécurité sont inséparables du progrès démocratique, économique et social, et de la promotion du genre, de la jeunesse, des minorités et des droits de l'homme.
Rétablir l'intégrité du régime de protection des réfugiés des deux côtés de la Méditerranée
Devant le Conseil, le Secrétaire général a appelé les Etats à créer des voies migratoires plus régulières et plus sûres pour protéger ceux qui fuient les persécutions et à traiter les causes des déplacements.
« Nous devons également faire face à l'augmentation inquiétante de la xénophobie et de la discrimination contre les réfugiés, les migrants et les minorités », a dit M. Guterres. « Il s'agit d'une responsabilité partagée et globale. Il est essentiel de rétablir l'intégrité du régime de protection des réfugiés des deux côtés de la Méditerranée ».
Pour le chef de l'ONU, le trafic d'êtres humains ne peut être isolé du trafic de biens culturels, de drogues, d'armes et de pétrole qui profite aux milices, aux terroristes et aux groupes armés.
« Bien trop souvent, les réponses aux défis sécuritaires en Méditerranée sont entreprises en grande partie ou uniquement par le biais d'arrangements de sécuritaires traditionnels ou de solutions ad hoc », a déploré M. Guterres. « De telles approches risquent de prolonger des situations inacceptables ou d'aggraver des situations si elles ne sont pas soutenues par des efforts pour s'attaquer aux causes profondes sous-jacentes », a-t-il précisé.
« La Méditerranée est une jonction mondiale de cultures, de sociétés et d'économies mutuellement enrichissantes. Pourtant, la violence et la haine menacent ce dynamisme, au détriment du monde entier », a rappelé le Secrétaire général, estimant que la communauté internationale doit faire tout son possible pour résoudre les maux de la région afin qu'elle puisse continuer à apporter ce qu'il y a de mieux.
« Je compte sur les pays de la Méditerranée et au-delà pour réaffirmer leur fière tradition d'ouverture et de solidarité », a-t-il conclu.