Méditerranée : environ trois-quarts des enfants et adolescents victimes d'abus sur les routes migratoires, selon l'ONU

12 sep 2017

Méditerranée : environ trois-quarts des enfants et adolescents victimes d'abus sur les routes migratoires, selon l'ONU

UN012803-Greece.jpg Les enfants et adolescents migrants et réfugiés qui tentent de rejoindre l'Europe sont confrontés à des violations des droits humains, 77% de ceux qui voyagent le long de la route de la Méditerranée centrale signalant des expériences directes d'abus, d'exploitation et de pratiques pouvant constituer un trafic d'êtres humains, selon un rapport de deux agences onusiennes.

D'après ce rapport du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), bien que tous les migrants et les réfugiés courent un risque élevé d'abus, les enfants et les adolescents en déplacement ont beaucoup plus de risque d'être victimes d'exploitation et de trafic que les adultes âgés de 25 ans et plus : près de deux fois plus sur la route migratoire en Méditerranée orientale et 13% de plus sur la route en Méditerranée centrale.

Le rapport est basé sur les témoignages de quelque 22.000 migrants et réfugiés, dont environ 11.000 enfants et jeunes, interrogés par l'OIM.

« La réalité est qu'il est maintenant de pratique courante que les enfants qui traversent la Méditerranée soient victimes d'abus, de trafics, soient battus et victimes de discriminations », a déclaré Afshan Khan, Directeur régional de l'UNICEF et Coordonnateur spécial pour la crise des réfugiés et des migrants en Europe. « Les dirigeants de l'UE devraient mettre en place des solutions durables qui incluent des voies de migration sûres et légales, l'établissement de couloirs de protection et la recherche de solutions de rechange à la détention d'enfants migrants ».

« Pour les personnes qui quittent leur pays pour échapper à la violence, à l'instabilité ou à la pauvreté, les facteurs qui les poussent à migrer sont sérieux et ils font des voyages périlleux en sachant qu'ils peuvent être forcés de le payer avec leur dignité, leur bien-être ou même leur vie », a déclaré Eugenio Ambrosi, Directeur régional de l'OIM pour l'UE, la Norvège et la Suisse. « Sans l'établissement de voies de migration plus régulières, d'autres mesures seront relativement inefficaces. Nous devons également raviver une approche axée sur les droits en matière de migration, en améliorant les mécanismes permettant d'identifier et de protéger les plus vulnérables tout au long du processus de migration, quel que soit leur statut juridique ».

Le rapport montre également que, bien que tous les enfants en déplacement courent un risque élevé, ceux qui viennent de l'Afrique subsaharienne sont beaucoup plus susceptibles d'être victimes d'exploitation et de trafic que ceux des autres régions du monde. Le racisme est probablement un facteur majeur expliquant cette différence.

Les enfants et les jeunes qui voyagent seuls ou pendant de longues périodes, ainsi que ceux qui possèdent des niveaux d'éducation inférieurs, se révèlent également très vulnérables à l'exploitation par des trafiquants et des groupes criminels au cours de leurs déplacements. Selon le rapport, la route de la Méditerranée centrale est particulièrement dangereuse, alors que la Libye reste marquée par l'anarchie. En moyenne, les jeunes paient entre 1.000 et 5.000 dollars pour leur voyage et arrivent souvent endettés en Europe, ce qui les expose à d'autres risques.

Le rapport appelle toutes les parties concernées - les pays d'origine, de transit et de destination, l'Union africaine, l'Union européenne, les organisations internationales et nationales avec le soutien de la communauté des donateurs - à donner la priorité à une série d'actions. Cela inclut l'établissement de parcours sûrs et réguliers pour les enfants en déplacement ; le renforcement des services de protection des enfants migrants et réfugiés dans les pays d'origine, de transit ou de destination ; la recherche d'alternatives à la détention d'enfants en déplacement ; la lutte transfrontalière contre la traite et l'exploitation des personnes ; et la lutte contre la xénophobie, le racisme et la discrimination à l'encontre de tous les migrants et des réfugiés.