Burundi : des experts de l'ONU appellent à des mesures concrètes pour mettre fin à la crise

17 juin 2016

Burundi : des experts de l'ONU appellent à des mesures concrètes pour mettre fin à la crise

Tanzania_2016_UNHCR.jpg A la fin de leur deuxième visite au Burundi, les trois experts en droits de l'homme de l'Enquête indépendante des Nations Unies sur le Burundi (EINUB) ont appelé à des mesures concrètes pour mettre fin à la crise dans le pays.

« L'un des développements les plus importants depuis le début de l'année a été la baisse significative du nombre d'exécutions. Cela est extrêmement apprécié et nous réitérons notre appel à toutes les parties de cesser l'utilisation de la violence comme instrument politique », a déclaré Christof Heyns, l'un des trois experts et chef de l'EINUB.

« Toutefois, ce calme relatif ne doit pas être confondu avec la stabilité à long terme. De graves préoccupations concernant les droits de l'homme subsistent et il n'y a aucun signe que les disparitions et la torture ont diminué », a déclaré une autre expert, Pablo de Greiff. « L'impunité pour les graves violations du passé et du présent demeure à l'ordre du jour ».

Les experts ont noté que beaucoup de prisonniers politiques demeurent en prison et qu'une nouvelle tendance consiste à procéder à des arrestations massives a vu le jour récemment, affectant surtout des gens ordinaires, y compris des enfants. « Dans plusieurs régions du pays, des écoliers ont été arrêtés ou suspendus de leurs établissements scolaires parce que leurs livres comportaient des gribouillis sur des photos du chef de l'Etat. Certains d'entre eux pourraient encourir des peines de 5 à 10 ans de prison. Nous allons suivre de près ces cas - ainsi que les actions qui seront prises par la Commission nationale des droits de l'homme à cet égard », a dit Christof Heyns.

Selon la troisième experte, Maya Sahli-Fadel, « il a été particulièrement déconcertant de voir l'état de désarroi de la société civile au Burundi, et le continuel rétrécissement de son espace de manœuvre ». « De nombreuses ONG restent suspendus et celles qui continuent de fonctionner fonctionnent dans un climat de peur et d'intimidation. J'étais particulièrement choquée par le fait que certains leaders que nous avons rencontré au cours de notre denier visite en mars aient pris la fuite ou ont maintenant trop peur pour nous parler », a-t-elle ajouté.

Selon M. Heyns, « pour que le Burundi sort de la violence et le conflit, cela nécessite un dialogue inclusif réel qui adresse les causes profondes de la crise politique. Les pourparlers qui ont récemment commencé à Arusha et à Bruxelles sont une étape positive, mais devraient être élargis pour s'assurer que tous les acteurs de la crise y soient inclus ».

« Le vrai progrès dans le partage du pouvoir sera crucial pour parvenir à une paix durable », a-t-il ajouté. « Ce sont des observations préliminaires, et nous nous réjouissons de travailler davantage avec les autorités et la société burundaises pour faire avancer la cause des droits de l'homme ».

Au cours de leur mission, les experts ont rencontré des autorités nationales et d'autres acteurs politiques, des membres de la société civile, des victimes de violations des droits de l'homme, ainsi qu'avec des organisations humanitaires, y compris des organismes des Nations Unies et des partenaires internationaux et régionaux opérant au Burundi. Ils ont également visité la prison de Mpimba à Bujumbura.

L'EINUB est composée de Christof Heyns (Afrique du Sud), le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires; Maya Sahli-Fadel (Algérie), le Rapporteur spécial de l'Union africaine sur les réfugiés, les demandeurs d'asile, les migrants et les personnes déplacées; et Pablo de Greiff (Colombie), le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion de la vérité, la justice, la réparation et des garanties de non-répétition.

L'enquête indépendante a récemment déployé des observateurs des droits de l'homme au Burundi, dans le but d'aider les trois Experts à recueillir des informations sur les violations et atteintes aux droits humains commises dans le pays depuis avril 2015. Ils doivent présenter leur rapport final au Conseil des droits de l'homme en septembre 2016.