En Libye, les violations continues des droits de l'homme et l'impunité entravent la stabilité et la paix, selon l'ONU

12 oct 2017

En Libye, les violations continues des droits de l'homme et l'impunité entravent la stabilité et la paix, selon l'ONU

06-06-UN_Photo_Zeid.jpg De retour d'une brève mission en Libye, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a souligné jeudi l'urgence de traiter les graves violations en cours dans le pays et plus particulièrement la détention arbitraire et la torture.

« Aucun Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme n'a jamais réussi à se rendre en visite officielle pour discuter de la situation des droits de l'homme en Libye à l'époque de Mouammar Kadhafi ou dans les années qui ont suivi la fin de son régime dictatorial », a rappelé M. Zeid dans une déclaration publié à la fin de sa mission.

Le Haut-Commissaire s'est rendu pendant une journée en Libye dans le cadre d'un déplacement non annoncé à l'avance pour des raisons de sécurité. Au cours de sa visite, il a rencontré le Premier ministre libyen, Fayez Serraj, les Ministres de la justice et de l'intérieur ainsi que le chef du département responsable de la gestion des centres de détention pour migrants.

Le chef des droits de l'homme de l'ONU a également pu effectuer de brèves visites dans l'une des principales prisons du pays et dans un camp pour personnes déplacées. « Mon voyage a été davantage éclairé par une réunion très utile avec la société civile libyenne et les femmes défenseurs des droits humains », a précisé M. Zeid.

Malgré les grands espoirs qui ont suivi la révolution de 2011, la situation des droits de l'homme en Libye continue d'être marquée par des abus généralisés et des violations perpétrées par toutes les parties au conflit en toute impunité, a déploré le Haut-Commissaire.

« Des milliers de personnes sont détenues arbitrairement dans des centres de détention à travers le pays, certains depuis le conflit armé de 2011, dont beaucoup sont soumis à la torture et à des mauvais traitements. Des groupes armés tuent et tiennent illégalement des civils et des combattants en otage. Des hommes, des femmes et des enfants civils sont tués et blessés chaque semaine par l'utilisation aveugle d'armes », a dit M. Zeid. « Et pourtant, ces aspects de la situation des droits de l'homme en Libye se retrouvent rarement dans les gros titres (des journaux) ».

Les Libyens déplacés et les représentants de la société civile rencontrés par le Haut-Commissaire lui ont présenté un tableau très clair des graves exactions commises par les groupes armés et de l'impunité dont ils jouissent actuellement. « Les actions des groupes armés entravent des progrès significatifs vers la stabilité, le développement et la paix dans le pays », a dit M. Zeid.

Situation alarmante des migrants

En Libye, le chef des droits de l'homme de l'ONU a également évoqué avec les autorités la situation alarmante des migrants dans le pays. « Je demande au gouvernement d'établir des alternatives à la détention en Libye, de mettre un terme à la pratique de la détention arbitraire et de rendre des comptes sur les abus perpétrés contre les migrants dans les centres de détention », a-t-il dit.

Les autorités libyennes ont indiqué que l'un des centres de détention de Surman, d'où sont sorties de graves allégations d'abus sexuels, a depuis été fermé. « Nous avons l'intention de travailler avec le gouvernement pour confirmer la fermeture », a souligné M. Zeid.

Pour le Haut-Commissaire, les défis rencontrés par les droits de l'homme en Libye sont « massifs, mais ils ne sont pas insurmontables », tout en reconnaissant que l'effondrement à grande échelle du système judiciaire, le pouvoir et l'influence des groupes armés et les nombreux défis auxquels fait face le gouvernement sont réels.

« Mais le gouvernement peut et doit diriger. Il peut commencer à combattre la pratique de la détention arbitraire et à reprendre les pouvoirs conférés aux groupes armés. La situation dans les centres de détention peut être abordée », a dit M. Zeid, soulignant qu'un effort concerté du gouvernement et de toutes les parties prenantes, y compris l'ONU et la communauté internationale, peuvent changer et améliorer la situation.

Le Haut-Commissaire et le Représentant spécial du Secrétaire général en Libye, Ghassan Salamé, partagent la conviction que les droits de l'homme, le rétablissement de l'Etat de droit et la lutte contre l'impunité doivent faire partie intégrante du processus politique et contribuer à un règlement politique durable Libye.

« Il est crucial que les défis soient résolus et qu'il y ait un effort constant pour faire des progrès, aussi petits soient-ils, aussi difficiles soient-ils, en matière de responsabilisation », a dit M. Zeid « Je suis optimiste que la mise en œuvre du Plan d'action annoncé par le Secrétaire général et son Représentant spécial le mois dernier à New York aura des résultats positifs et concrets dans nos efforts respectifs en faveur d'une amélioration des droits de l'homme situation en Libye».