L'ONU insiste sur la contribution importante des migrants au développement de leurs pays d'origine et de destination

24 juil 2017

L'ONU insiste sur la contribution importante des migrants au développement de leurs pays d'origine et de destination

Syrian_refugees_Canada_IOM.jpg La Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour les migrations internationales, Louise Arbour, a souligné lundi la contribution importante des migrants et des diasporas au développement durable de leurs pays d'origine et de destination.

« Les 429 milliards de dollars de fonds envoyés dans les pays en développement en 2016 sont l'une des contributions les plus tangibles des migrants à la réalisation des objectifs de développement durable dans leur pays d'origine », a déclaré Mme Arbour lors d'une réunion thématique informelle sur les migrations au siège de l'ONU à New York.

Ces transferts de fonds sont trois fois plus élevés que l'aide publique au développement et sont plus stables que les autres formes de flux de capitaux privés, a-t-elle rappelé, ajoutant que cet argent a permis à des millions de familles de sortir de la pauvreté.

Toutefois, « les coûts de transaction élevés associés aux envois de fonds et les faibles niveaux d'inclusion financière empêchent d'exploiter ces envois de fonds pour le développement », a souligné Mme Arbour, notant qu'au premier trimestre de 2017, le coût moyen global pour envoyer des fonds est demeuré supérieur à 7%, ce qui est nettement plus élevé que la cible de 3% des Objectifs de développement durable (ODD).

Selon elle, la contribution des migrants au développement de leur pays d'origine va bien au-delà des transferts financiers et inclut aussi la diffusion d'idées, de compétences et de connaissances.

S'agissant de la perception négative de l'émigration de personnes hautement qualifiées, ce qu'on appelle 'la fuite des cerveaux', la Représentante spéciale a estimé que cet effet négatif est généralement faible et que ces migrants qualifiés auraient été confrontés au chômage s'ils étaient restés dans leur pays d'origine.

S'agissant de la contribution des migrants au développement de leur pays de destination, Mme Arbour a souligné les importants bénéfices que ces pays tirent des migrants de toutes qualifications, à la fois dans les pays développés et dans les pays en développement.

« Les migrants ont tendance à combler les lacunes du marché du travail qui ne sont pas remplies par la main-d'œuvre locale, ce qui permet à l'économie de croître plus rapidement », a-t-elle noté. Elle a toutefois admis qu'il pouvait y avoir des coûts initiaux à court terme, par exemple, dans le cas de mouvements importants de migrants ou de migrants s'installant dans de petites communautés défavorisées connaissant un ralentissement économique.

La Représentante spéciale a souligné trois obstacles qui empêchent une maximisation de l'impact positif des migrations.

Tout d'abord, des politiques inadéquates peuvent empêcher des résultats positifs en matière de développement. « L'inclusion des migrants dans leurs nouvelles sociétés sur le plus long terme est un complément souvent négligé et essentiel aux politiques d'entrée », a-t-elle dit.

Deuxièmement, les travailleurs migrants et en particulier les travailleurs sans papiers sont souvent exclus des régimes de protection sociale. « Même ceux qui jouissent d'une protection sociale risquent de perdre leurs droits lors du retour ou d'une mobilité ultérieure, car les programmes ont souvent des conditions de résidence sur le long terme, ce qui rend difficile pour les migrants temporaires de réclamer leurs avantages », a dit Mme Arbour. « Les accords qui assurent la portabilité des bénéfices gagnés ont un impact direct sur la vie de millions d'hommes et de femmes en déplacement ».

Troisièmement, alors que les avantages nets des migrations l'emportent sur leurs coûts, la perception du public est souvent le contraire. « Les politiques répondant à cette fausse perception renforcent la validité apparente de stéréotypes erronés et rendent le recours à des politiques appropriées beaucoup plus difficile », a conclu la Représentante spéciale.