En Asie du Sud-Est, les travailleurs migrants n'ont souvent pas accès à la justice, selon l'OIT

27 juil 2017

En Asie du Sud-Est, les travailleurs migrants n'ont souvent pas accès à la justice, selon l'OIT

12-15-2016Wages.jpg Les travailleurs migrants en Asie du Sud-Est n'ont pas accès à des voies de recours équitables et efficaces lorsqu'ils sont victimes de violations des droits au travail, selon une nouvelle étude de l'Organisation internationale du travail (OIT) publiée jeudi.

D'après cette étude intitulée Access to justice for migrant workers in South-East Asia (Accès des travailleurs migrants à la justice en Asie du Sud-Est), les travailleurs migrants continuent d'être confrontés à des obstacles majeurs en matière de dépôt et de règlement des plaintes.

Publié à l'occasion de la Journée mondiale contre la traite d'êtres humains, célébrée chaque année le 30 juillet, ce rapport met en évidence le lien important entre l'absence de moyens efficaces dont disposent les migrants pour dénoncer les violations et le nombre de cas de travail forcé et de traite des personnes.

« La vulnérabilité des travailleurs migrants à l'exploitation est aggravée par l'absence de moyens équitables, efficaces et accessibles de règlement des plaintes », explique Ben Harkins, auteur du rapport.

L'étude se fonde sur des données relatives à des cas de plainte recueillies entre 2011 et 2015 par les centres de ressources des travailleurs migrants. Des informations détaillées sur quelque 1.000 cas impliquant plus de 7.000 travailleuses et travailleurs migrants ont été consignées au Cambodge, en Malaisie, au Myanmar, en Thaïlande et au Viet Nam, constituant ainsi la plus importante série de données sur des plaintes déposées par des migrants collectées au niveau régional, en l'occurrence en Asie du Sud-Est.

Les résultats montrent les quelques progrès accomplis au cours des dernières années pour faciliter l'accès des travailleurs migrants à la justice. Entre autres réparations accordées aux migrants dans les cas résolus par les centres de ressources des travailleurs migrants, on notera le versement de 1,62 million de dollars en dédommagement.

Malgré les progrès effectués, les travailleurs migrants continuent d'être confrontés à des obstacles majeurs en matière de dépôt et de règlement des plaintes dans tous les pays à l'étude.

Dans les pays d'origine, il n'est généralement remédié qu'aux cas de violations des droits des migrants les plus flagrants, par exemple la collecte de frais de recrutement et de dossier pour des emplois fictifs. D'autres formes d'abus dont l'existence est largement connue, comme le fait d'imputer aux travailleurs migrants des frais de recrutement excessifs ou de leur offrir des conditions d'emploi mensongères, continuent d'être impunies.

La situation dans les pays de destination est la même, bien qu'encore aggravée par la crainte des représailles, les visas et permis de travail détenus par l'employeur, et la barrière de la langue. De ce fait, la plupart des travailleurs migrants ne prennent pas le risque de porter plainte, sauf si leurs moyens de subsistance ou le respect de leur dignité en tant qu'êtres humains sont clairement menacés. Les migrants sont tout à fait conscients qu'en déposant plainte ils signent l'arrêt de leur contrat de travail; la situation à long terme en matière de salaires et de conditions de travail n'est donc pas prête de s'améliorer.

Bien que des indemnisations soient accordées en cas de violation des droits des travailleurs migrants, les montants sont souvent loin d'être satisfaisants pour les plaignants.

« La plupart des indemnisations versées aux travailleurs migrants dans les cas de plainte que nous avons examinés correspondent simplement à une partie de l'argent qui leur est dû suite à des salaires impayés et, en fait, elles ne réparent pas le préjudice subi », explique Ben Harkins.